Henry de Chivré et Anne Elisabeth de Couvert puis Hélène de la Chapelle

(ca 1625 - avant 1703) - 20ème génération
fils de Henry et Antoinette de Carbonnel
Branche de Normandie

Henry de Chivré arrive au monde vers 1625, pendant le règne de Louis XIII. Il a un frère Anne. Sa mère décède en 1626 peut-être des suites de couche.
Suite au remariage de son père avec Françoise Mare’ch de Montbarot, il aura un demi-frère Gédéon et une demi-sœur Françoise.

Vers ses 13 ans, en 1638, son père est tué au siège de Saint-Omer. Henry porte alors le titre de comte de Marensin et reste fidèle au calvinisme.

Quelques années plus tard, Anne de Chaumont Guitry, dame de Chasseguey demeurant en Normandie, grand-mère maternelle d’Henry, et sa voisine Jacqueline de Thioult dame de Blagny mère d’ Anne Philippe riche et jeune veuve d’Antoine de Couvert projettent le mariage d’Henry et Anne. Hélas Anne Philippe décède peu de temps après en 1649, à défaut Henry reporte ses vues sur sa fille Anne Elisabeth de Couvert alors âgée d’environ 11 ans. 
Cette future union est source de nombreux conflits avec le tuteur d’Anne Elisabeth, Jean Antoine de Couvert son oncle, qui souhaite la convertir au catholicisme. « Madame de Blagny, huguenote comme ses voisins …, ne voyaient pas sans déplaisir, sa petite fille confiée à de pareilles mains, … Elle conçut alors le hardi projet de l’enlever à son oncle et de l’emmener en Angleterre. Cette fugue devait avoir une triste issue ; le bâtiment qui emportait les fugitifs s’ensabla dans les eaux du Mont-Saint-Michel, et la frêle embarcation qu’on y substitua faisait eau au bout d’une heure. Force fut donc de retourner à Blagny … »[1]

Pendant ce temps Henry de Chivré participe avec son frère Anne au siège de Lérida en mai 1646 mené sans succès par l’armée française contre les espagnols. 

A son retour, il organise avec Jacqueline de Thioult et sa petite fille un nouvel enlèvement : « les Dames se dirigent à la dérobée vers l’Anjou, et se rendent à la Barre. Bientôt sont appelés à leur aide quarante gentilshommes de la contrée qui les escortent jusqu’à Orléans. De cette ville à Dijon, le voyage n’offrant plus les mêmes dangers, Madame de Blagny remercie les quarante gentilshommes et se contente de la compagnie de Marancin. De là, les voyageuses purent se rendre seules à Genève où ne tarda pas à les rejoindre leur fidèle compagnon. »[2]

Henry de Chivré épouse Anne Elisabeth de Couvert (D'hermine à la fasce de gueules chargé de trois boucles d'or) fille d’Antoine de Couvert et d’Anne Philippe, d’abord à l’église protestante Saint Pierre à Genève le 24 octobre 1650 , puis par contrat passé à Bayeux le 20 août 1652 devant Pery tabellion royal de la dite ville et Michel le Tellier son adjoint. Henry est assisté de ses deux frères Anne marquis de la Barre et Gédéon baron de Meilhan et la future de son oncle et tuteur Jean Antoine de Couvert seigneur de Sottevast. 
Anne Elisabeth de Couvert descend à la 14ème génération de Philippe III roi de France et d’Henri III roi d’Angleterre.

Tallemant des Réaux décrit ainsi cette union : « … Quand la fille eut douze ans, Maransin l’épousa à Genève, nonobstant plusieurs arrêts de défense, et sans articles ni contrat de mariage. Depuis, il fit faire des articles, mais datés de huit jours après la célébration, sans lui donner de douaire, mais seulement un dueil, à la mode du pays. Voilà un vrai mariage de gens des Vignes .
On plaide : le mariage est déclaré valablement contracté, et la grand-mère condamnée à six mille livres d’amende .
Depuis cet arrêt, Maransin fit venir un tireur d’armes et tout le jour ne faisait autre chose qu’escrimer. La petite fut mise chez moi en séquestre : car ma femme, qui se trouva par curiosité à l’audience, s’offrit charitablement à la recevoir : tout le reste était suspect à l’une ou à l’autre des parties. Enfin, le tuteur, pour de l’argent, consentit à laisser recélébrer le mariage. La petite dame est devenue grande et bien faite. Je ne sais si en son âme elle est fort satisfaite du choix de sa grand-mère. »[3].

Henry de Chivré et Anne Elisabeth de Couvert donnent naissance à une fille et trois garçons : 

Peu de temps après son mariage, Anne Elisabeth de Couvert reçoit de son oncle et tuteur Jean Antoine de Couvert qui avait pardonné, la propriété de Sottevast dans la Manche.

En 1666 Henry de Chivré seigneur de Marensin demeurant à Sottevast est maintenu dans sa noblesse[4]

Lors du baptême de Anne Marguerite de Pierrepont au temple de Sainte-Mère-Eglise le 23 décembre 1669 sont parrain et marraine « messire Henry de Chivré chevalier comte de Marencin, dame Anne Elisabeth de Couvert femme du dit seigneur de Marencin »[5].

Anne Elisabeth de Couvert meurt vers 1670.

Avant 1674, Henry de Chivré épouse en secondes noces Hélène de la Chapelle, probablement sœur de Louise de la Chapelle mariée à Gédéon et fille de Henri de la Chapelle et de Marguerite de Chamballan, car on retrouve une Hélène de la Chapelle « demoiselle de Chamballan » marraine le 14 juillet 1670 à l’église réformée de La Barre alors que le parrain est Henry de Chivré marquis de la Barre[6].

Le 5 mai 1674, lors du baptême d’Henry Samson au temple de Sainte-Mère-Eglise on retrouve « le parrain messire Henry de Chivrey chevalier seigneur et comte de Marencin, la marraine noble dame Helene de la Chapelle épouse du dit seigneur de Marencin »[7].

De cette union naissent trois filles à Notre-Dame-de-Blagny : 

Suite à la révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV, Henry de Chivré, Hélène de la Chapelle et leurs trois filles s’exilent en Angleterre l'hiver 1685 : « Quelquefois on se hasardait sur de simples barques, comme le comte de Marancé, qui passa la Manche en hiver avec sa femme et quarante personnes, sur un léger bateau, sans provisions de bouche. Jetés çà et là par la tempête, n'ayant pour apaiser la soif et la faim des enfants, et pour se soutenir eux-mêmes, que de la neige fondue, ils arrivèrent à demi morts sur les côtes de l'Angleterre. »[8].

On les retrouve à Londres en 1686 et 1687 effectuant des démarches pour trouver une maison en location pour « la marquise de la Barre »[9]
Henry et sa femme sont décédés très probablement en Angleterre avant 1703, leurs filles Helaine et Anne recevant des pensions comme réfugiés protestants en 1703[10].

[1] La vie de nos pères en Basse-Normandie – Victor Hyacinthe des Diguères – p.118
[2] La vie de nos pères en Basse-Normandie – Victor Hyacinthe des Diguères – p.118
[3] Les historiettes de Tallemant des Réaux – 3ème édition - T.5 p.371
[4] Généralité de Caen - Recherche de la noblesse en 1666 et années suivantes par Messire Guy Chamillart Intendant - V.1 p.69
[5] Registre du temple de Sainte-Mère-Eglise 50 - geneanet.org - Caen (Calvados, Normandie, France)1669 - 1679 | Cote : AN TT237-2 - p.16
[6] Archives départementales de la Mayenne - Acte de baptême église réformée
[7] Registre du temple de Sainte-Mère-Eglise 50 - geneanet.org - Caen (Calvados, Normandie, France)1669 - 1679 | Cote : AN TT237-2 - p.39
[8] Histoire de la Réformation et du Refuge dans le pays de Neuchâtel - par F.Godet
[9] Base de données du refuge huguenot – 
     http://refuge-huguenot.ish-lyon.cnrs.fr/accueil.php  - nom : maransin
[10] Proceedings of the Huguenot Society of London p.344 - archive.org